Le Continent Perdu, de Sam Newfield (1951)

Le Continent Perdu

         Le succès du Monde Perdu (Harry O. Hoyt, 1925), adapté du célèbre roman d’Arthur Conan Doyle, entraîne une flopée de suites, remakes officiels et officieux. Sam Newfield, maître incontestable de la série B avec quelques 300 films à son actif, profite du filon pour livrer sa vision du mythe avec des acteurs chevronnés, histoire de s’assurer une bonne couverture médiatique. Ainsi on retrouve Cesar Romero, John Hoyt, Hugh Beaumont, White Bissell, Sid Melton et Chick Chandler… Film de série B oblige, le tournage fût des plus rapides (11 jours) afin de ne pas bloquer les plus grandes productions dans les studios, et le titre ne laisse que peu de doutes concernant les intentions voulues de coller au plus près du matériau de base.

        Nos chers protagonistes, mélange de militaires et de scientifiques, partent donc à la recherche d’un missile atomique qui a mystérieusement disparu des radars. Et en ces temps paranoïaques de Guerre froide, mieux vaut le retrouver avant que d’autres ne le trouve (bien évidemment, les autres ne peuvent être que les Russes, comme le rappelle le personnage de Rostov (John Hoyt). Malheureusement pour la petite bande, leur avion s’écrase et ils se retrouvent sur une île de prime abord paradisiaque (une demoiselle peu vêtue en guise d’accueil, on a vu pire). Partant de là, le film devient des plus ennuyeux, nous assénant quand même une bonne demi-heure à base d’escalade et de marche, avant que le premier signe inquiétant ne surviennent : un lézard géant ! Cela ne décourage pas le commando de refaire un peu (beaucoup ?) d’escalade, pour arriver enfin sur le fameux continent perdu… En fait de continent, il s’agit plutôt du sommet d’une falaise de la taille de deux ou trois terrains de football, mais passons. Le filtre de l’image devient alors vert, histoire de montrer le côté pur de ce continent et son ancienneté. Cela permet aussi de sortir le spectateur de son sommeil ! Enfin arrive ce que tout le monde attend, ce sur quoi se base l’affiche du film et toute sa promotion médiatique : des dinosaures, fichtre ! Passons sur l’absence de tyrannosaure (alors qu’il apparaît justement sur l’affiche), la dernière partie nous offre un combat entre des tricératops, et une attaque poilante d’un brontosaure (on voit clairement que la censure veille, code Hays de rigueur). Enfin, pour les amateurs de sauriens, sachez qu’il y a aussi un ptérodactyle qui passe furtivement, n’oubliez pas votre appareil photo, on en voit de moins en moins ces temps-ci. L’animation image par image est le travail d’Edward Nassour, et offre son lot de scènes d’actions qui remplissent parfaitement le cahier des charges.

Le Continent Perdu
-« Chef, on a trouvé la bombe atomique mais… »
-« … mais quoi, Walter ?! »
-"Crétin, c'est l'autre bombe qu'on cherche..."
-« Crétin, c’est l’autre bombe qu’on cherche… »

        Le film se termine en apothéose avec l’explosion du volcan et un tremblement de terre, bien mis en scène au passage, qui fait disparaître l’île… Il n’en fallait pas plus pour clore un film de genre long à démarrer, un brin fainéant sur ces intentions (on s’attend à plus de dinosaures), mais qui reste sympathique, à l’image de ses acteurs principaux, le duo Cesar Romero/Chick Chandler en tête, sans oublier le faire-valoir comique Sid Melton. D’ailleurs les acteurs étaient prêts à rempiler pour des suites, mais leur emplois du temps ne leur ont pas permis.  Loin d’être le meilleur ersatz du Monde Perdu, Le Continent Perdu mérite quand même le coup d’œil, et mérite sa place dans toute vidéothèque Bis.

Dr. Gonzo

4 commentaires

  1. Eh non, bien que l’animation de ce film soit grandement influencé par le travail de ce géant, récemment décédé. Pour autant c’est un petit film à voir une fois, car typique de cette SF 50’s si passionnante !

  2. Merci Luonan pour le lien, le Net regorge de pépites comme celle-ci qui ne demandent qu’à être vues et revues !

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